L’ordre des cisterciens fut fondé en 1098 en Bourgogne lors de la fondation de l’abbaye de Cîteaux par quelques moines bénédictins en rupture avec leur Ordre.
C’est avec l’arrivée du jeune noble, Bernard de Clairvaux et de ses trente compagnons que l’Ordre cistercien connaît son essor. Saint Bernard de Clairvaux, qui fonda l’Abbaye de Clairvaux à l’âge de 25 ans, s’oppose aux formes jugées décadentes de l’architecture et de l’art bénédictins.
La représentation du corps humain est bannie et les décors honnis. Cette grande austérité a pour bu“t de favoriser la méditation des moines.

La pureté de l’architecture est encore accentuée par la manière très particulière dont la lumière est traitée. Elle vient du haut, sans être modifiée par des vitraux colorés, elle rejaillit contre les murs badigeonnés de chaux blanche pour s’éteindre sur un sol sombre.
Les voûtes et les murs intérieurs sont donc recouverts de chaux après avoir subi un traitement en plusieurs étapes:

  • une première couche générale de crépi
  • une seconde couche d’enduit composée de sable fin, voire de limon et de chaux
  • une application au pinceau grossier de plusieurs couches de badigeon de chaux blanche
    atteignant parfois 4 à 5 mm d’épaisseur

La représentation du corps humain est bannie et les décors honnis

Le plan très austère en forme de croix latine comporte une nef de six travées flanquée de bas-côtés dont les voûtes, en berceau brisé, sont disposées perpendiculairement de celle du vaisseau central. L’éclairage des bas-côtés se fait par les fenêtres étroites et hautes en plein cintre et fortement ébrasées. La nef est coupée par le transept dont chaque bras comporte deux chapelles entourant, à l’est, le choeur à chevet plat. Au-dessus de l’arc triomphal du choeur trois fenêtres hautes sont organisées en triplet, une constante de l’architecture cistercienne. L’abbaye de Bonmont est la première abbaye cistercienne édifiée à l’intérieur des frontières actuelles de la Suisse.
L’architecture cistercienne reste inscrite, 800 ans après la naissance de saint Bernard, dans l’église de Bonmont par plusieurs éléments d’origine:

  • l’expression ininterrompue du berceau de la nef
  • l’orientation des collatéraux et leurs voûtes face au vaisseau central
  • l’expression «cachée» du transept qui n’interrompt par le rythme calme des travées
  • une convergence très forte, grâce à ces trois dispositifs,vers l’espace du chevet aujourd’hui
    disparu

L'accoustique, partie intégrante du monument

Retrouver l’acoustique d’origine de l’abbaye fut l’un des
objectifs de la restauration. En effet, grâce à cette restauration, il est aujourd’hui possible d’organiser des concerts dont l’effet phonique est très proche de l’esprit de la musique de l’époque.
Cette acoustique est très particulière puisque la résonance du son est maintenue par un effet de rotation sonore dans la rondeur de la voûte, puis il est enrichi par des harmoniques propres à l’église. Les chants grégoriens, musique de l’époque de la construction de l’église, sonnent magnifiquement dans cette église.
En revanche, la musique de chambre du XVIIIe et XIXe siècle, y sonne très mal, la réverbération acoustique de l’édifice étant beaucoup trop importante et ses harmonies changeant trop rapidement pour souffrir d’être superposées par la résonance.
Cette acoustique, si particulière, fait donc partie intégrante du monument.

Photo de l'Abbaye de Bonmont
vitrail de l'abbaye de bonmont

Les vitraux

C’est à la suite d’un concours organisé par l’Etat de Vaud qu’Anne et Guy Le Chevalier réalisèrent les vitraux entre 1986 et 1989. Ils ont tenté de recréer, sans les imiter, l’effet des vitraux à formes géométriques de
style cistercien.
Ces vitraux témoignent d’une extrême économie de moyens, tout en grisaille, ce travail se fonde sur la technique de la gravure: des verres antiques doublés, déclinés sur une gamme subtile de gris – bleutés, violacés, verdâtres- sont gravés à l’acide afin de ménager un jeu de valeurs entre le blanc et les parties épargnées.
La superposition précise, aux découpures fines et ramifiées, permet de moduler la répartition et l’intensité de la lumière, suivant l’orientation géographique des ouvertures.
Si elle absorbe le trop-plein de soleil, elle sait aussi diffuser l’éclat de jour quand celui-ci diminue.